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Cinéma: déchainements contre l’interdiction au Congo de “L’homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate” de Thierry Michel et Colette Braeckman.

Europe. Des convictions des Justes se déchainent contre cette très grave violation visant des millions des Congolaises victimes des viols de guerre. L’auteur et responsable de cette violation est l’actuel exécutif au pouvoir à Kinshasa. C’est ce conglomérat a marché sur des droits du peuple congolais de la République Démocratique du Congo, en interdisant depuis le 1 septembre 2015, toute projection au Congo du film-documentaire “L’homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate”.

 

Ce nouveau film qui est déjà un succès populaire dans des salles de cinéma de certains pays occidentaux, vient d’être censuré sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo. Le cinéma, le 7ème art est la culture du peuple du monde.

 

Et vu la gravité de cette décision violente face à l’histoire des femmes dans la marche du monde et à l’égard des millions de ces Congolaises victimes de ces viols de guerre, nos journalistes congolais de l’Europe qui couvrent d’habitude que le vécu dans des pays européens, ont décidé de mettre une réaction pertinente qui vient du Congo, à plus de 7000 km de notre secteur géographique éditorial qui est l’Europe. « Bakonzi wana baboyi bana ya Congo ya bankoko batala bilili ya, – L’Homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate-. Mokano yango nde ezali yauli ».(1)

 

“Sénégalaises pour l’Afrique”, groupe des jeunes françaises originaires du Sénégal a réagi:


« Cette décision du gouvernement du Congo, c’est du n’importe quoi. C’est un mépris pour ces Congolaises violées. Leur mépris est aussi adressé à toutes les Africaines et les Européennes d’origines africaines.
Notre collectif a salué ce film qui vient d’être à l’honneur à la 5ème édition du Festival International de la Diaspora Africaine, FIFDA, le 4 septembre 2015, à la Porte des Lilas, à Paris.

En effet ce film,-L’homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate-, a été programmé en ouverture de ce festival dont la durée est du 4 au 6 septembre 2015. Pour nous, Sénégalaises et jeunes, le fait que ce film a été programmé en ouverture est une réponse de droit contre cette censure congolaise officialisée le 1 septembre 2015 par ces autorités de ce pays ».

 

Réaction de la Dynastie royale “Ndonga Nkenge” (fondée au 17ème, par la “Mukoko”(titre de noblesse signifiant “Grande Reine) Lompata, dans une partie de l’actuel Nord-Ouest de la RDC).


Sa représentation dans des pays européens s’est exprimée par la voix de son altesse royale la Princesse de Mankende qui cite des passages de la Déclarations des Droits de l’homme de l’ONU, pour protester contre cette interdiction :
« l’Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction ».

 

Et la princesse royale a ajouté que « cette décision arbitraire viole particulièrement les articles 26 et 27 de cette Déclaration universelle des droits de l’homme dont le Congo, le pays de toutes les Congolaises et de tous les Congolais, est signataire ».

 

Elle invite « les Congolais de l’Europe et les amis du peuple congolais d’aller massivement voir ce film dédié à des millions des Congolaises victimes des viols massifs utilisés comme armes de destruction dans cette guerre de basse intensité imposée à la population congolaise depuis 1996 par la nébuleuse illégitime, sans statut juridique et prétendue communauté internationale qui a instrumentalisé des réseaux connus et identifiés de ces Noirs en Afrique contre des Noirs du Congo pour ce conflit armé du type colonial pour des pillages économiques ».

 

Et la Princesse termine en interpellant « la journaliste belge Colette Braeckman dont les articles vont comme les eaux du fleuve dans la direction de Kinshasa, de clarifier ce qu’elle pense sur cette décision d’interdire ce film de qualité dont elle est co-auteure avec son compatriote Thierry Michel, ce célèbre réalisateur que les Congolais aime bien ».

 

Réaction du COLLECTIF RDCONGO FRANCE matérialisée par cette déclaration écrite et signée par monsieur Kcreascence Paulisi, président du Collectif RDCongo France :


« Suite à l’interdiction de la projection du film “L’homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate”; le Collectif RDCongo France, collectif des associations congolaises en France dénonce l’attitude du gouvernement congolais d’interdire la projection du film ‘’ l’homme qui répare les femmes ‘’de Thierry Michel et Collette Braeckman. Le Collectif RDCongo appelle au respect des principes de la liberté d’expression et d’information tels que consignés dans notre constitution dans ses articles 23 et 24 et demande au ministre de l’information Lambert Mende de se conformer au caractère sensibilisateur et pédagogique de ce film; d’éviter toutes manœuvres pour intimider les victimes ; à contrario d’initier une enquête sur des allégations y afférant et de condamner les auteurs de ces viols.

 

Le Collectif RDCongo encourage les auteurs et réalisateurs à poursuivre la projection de la version intégrale de ce film et s’engage à mener des actions pour une large diffusion dans la communauté.

 

Le Collectif RDCongo réitère son soutien aux actions de l’hôpital Panzi et au docteur Mukwege, encourage les personnes qui vont participer à la course à pied, les 20 km de Paris ce 11 octobre 2015 pour sensibiliser l’opinion contre le viol, crime silencieux à l’Est du Congo. » Kcreascence Paulusi, président du Collectif RDCongo France.

 

Réaction du docteur Denis MUKWEGE. Ce communiqué est signé et écrite par le médecin Denis Mukwege. Ce document vient de la RDC. Et il est daté du 3 septembre 2015.


« C’est avec un grand regret que nous avons été informés de l’interdiction de diffusion en RDC du film documentaire de Thierry Michel et Colette Braeckman. Nous avons assisté aux premières du film à La Haye, à Bruxelles, à Paris, et nous avions hâte que nos compatriotes puissent le voir dans leur pays. Ce film a été fait pour eux. Ce film leur appartient. Sa censure met en évidence la volonté du gouvernement de refuser au peuple congolais son droit d’accès à l’information. Son histoire et son droit à la mémoire collective et à la vérité lui sont niés dans le but de mieux le manipuler et le contrôler.

 

En effet, nous vivons en RD Congo dans un climat d’oppression, de dégradation de la situation des droits humains et de rétrécissement de l’espace des libertés fondamentales.
Cette énième censure vient allonger la liste d’autres censures dont nous avons été victimes. En 2008, alors que les Nations Unies venaient de décerner au peuple congolais, par notre entremise, le Prix des Droits de l’Homme en reconnaissance de sa lutte contre les violations de ses droits, il n’a jamais été informé de cette récompense. Les radios et les télévisions congolaises n’avaient pas été autorisées à présenter ni le prix, ni son lauréat.

 

Tout récemment, plus de 700 députés du Parlement européen et représentant les 28 Etats membres de l’Union Européenne ont, par un vote unanime, décerné le Prix Sakharov, par notre truchement, aux femmes congolaises victimes de violences sexuelles et basées sur le genre. Ce prix a reçu une résonance médiatique importante dans le monde entier, à l’exception de la RD Congo, où seules quelques personnes avisées en étaient informées. Chacun garde également le souvenir des évènements de janvier 2015 qui avaient suivi les manifestations populaires contre la révision constitutionnelle, où une répression sanglante s’accompagnait du musèlement de la presse libre, de la coupure délibérée de l’Internet, du blocage des réseaux sociaux, du brouillage des faisceaux des radios et des télévisions tels que RFI.

 

Ces mesures liberticides n’honorent en rien les responsables qui les ont prises, pas plus qu’elles ne contribuent à l’amélioration de l’image du pays. Aujourd’hui, il nous apparait incompréhensible que les témoignages des femmes et des acteurs de la société civile retraçant dans ce film documentaire la dure réalité vécue par des dizaines de milliers de femmes ces vingt dernières années, mais aussi leur faculté à retrouver la force de vivre avec dignité, puissent inquiéter outre mesure les autorités qui ont pris la décision de l’interdire. Jésus a dit : « Vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » Gageons que cette mesure d’interdiction soit temporaire, car la vérité, même si elle dérange certains, a toujours vocation à voir le jour». Docteur Denis MUKWEGE.

 

 

Dossier sous la responsabilité du rédacteur en chef Lilo Miango,assisté par Nkumu de la rédaction centrale-Europe. Photo: archives Les Films de la Passerelle, Liège(Belgique)/Thierry Michel.

 

 

(1) Texte en Lingala, une langue internationale du Congo: “ces responsables-là refusent aux citoyens du Congo le droit de voir ce film. Cette décision est une infamie”.