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“Visibilité des médias et journalistes congolais de l’Europe”: journaliste Robert Kongo et son article sur le sort terrible du comédien Papa Sonzo.

Europe. « Visibilité des médias et des journalistes congolais de l’Europe» est l’intitulé de notre campagne permanente lancée depuis le 7 février 1981 à Lausanne (Suisse) par notre réseau des journalistes panafricains de l’actuelle République Démocratique du Congo. Ce lancement avait pour cadre la dynamique associative « Mouvement Ngambo Na Ngambo/Journalistes congolais en Europe » à l’époque où notre pays s’appelait Zaïre. Mais nous avions opté pour l’appellation “…Journalistes congolais en Europe” pour des raisons d’engagement éditorial.

Et à l’arrivée en 2009 de notre média, MAGAZINE NGAMBO NA NGAMBO; le journaliste Lilo Miango, initiateur de cette campagne en 1981, a passé le flambeau à notre organe de presse en ligne. « Mpo na kopesa nde esika ya lokumu na mosala ya bampanzi nsango ya solo, bana ya ekolo Kongo baye bavanda o bikolo ya poto ».

Notre regard vers le journaliste Robert Kongo, détenteur d’un doctorat en journalisme d’une université française. Représentant en France du journal “Le Potentiel” de la ville de Kinshasa, Robert Kongo Nlandu avait publié cet article:

 

PAPA SONZO : ” L’ETAT CONGOLAIS M ‘A ABANDONNÉ A MON TRISTE SORT “

Papa Sonzo, comédien congolais, chez lui à Kinshasa.

Papa Sonzo, comédien congolais, chez lui à Kinshasa.

L’artiste comédien Papa Sonzo, de son vrai nom Ngamba Mafutu Simon, est malade. Paraplégique depuis 25 ans, suite à une lésion de la moelle épinière, il se sert aujourd’hui d’une canne pour marcher. Il déplore amèrement l’indifférence de l’Etat congolais face à sa situation. Il s’est confié à Robert Kongo, notre correspondant en France, lors de son récent séjour en RDC.

 

Comment vous portez-vous ?

Je vais bien par la grâce de Dieu.

 

Vous vous servez d’une canne pour marcher. De quoi souffrez-vous ?

C’est la conséquence d’une tumeur à la moelle épinière dont j’ai souffert en 1992. La paralysie a touché uniquement les membres inférieurs. La lésion a été plus basse. C’est ce qu’on appelle en terme médical une paraplégie. La médecine n’étant pas bien avancée en RDC, aucune solution n’a été trouvée concernant cette pathologie. Voire, l’opération chirurgicale n’a pas réussi à me sauver. Comme vous pouvez le constater, je peux à peine me servir de mes jambes. Je ne peux marcher qu’à l’aide d’une canne. L’accident de voiture que j’ai eu en 1998 n’a pas non plus arrangé ma situation.

 

Que disent les médecins quant à l’évolution de votre état de santé ?

Selon eux, tout a été tenté et ne peuvent rien faire de plus. Ils me conseillent de partir à l’étranger pour me faire soigner, notamment dans des pays où la médecine est de grande qualité. A en croire les spécialistes, la guérison est possible. Je pourrais donc remarcher correctement. Les gens qui viennent de l’Europe me tiennent les mêmes propos.

 

Comment supportez-vous ce handicap ?

Difficilement. Mais que voulez-vous que je fasse ? Est-ce peut-être le plan de Dieu ? Je ne sais pas.

 

De quel soutien bénéficiez-vous ?

Je ne bénéficie d’aucun soutien. J’ai frappé à toutes les portes, malheureusement toutes mes demandes d’aide sont restées sans suite. Je me débrouille avec mon salaire de fonctionnaire de l’Etat.

 

Pourtant, vous avez écrit beaucoup de courriers aux différentes autorités du pays ?

Bien sûr. En tout cas, je déplore le comportement de nos autorités à mon égard. Elles ne répondent jamais à mes courriers. Est-ce de la mauvaise foi ? Je ne sais pas. Des fois, ce sont leurs conseillers qui m’appellent pour me raconter des histoires qui ne valent pas un clou. J’ai écrit notamment à Daniel Mukoko Samba (ancien ministre du Budget), Matata Ponyo (ancien Premier ministre), André Kimbuta (Gouverneur de la ville province de Kinshasa), Mova Sakany (Secrétaire Général du PPRD), Godart Motemona (Ministre provincial en charge des transports, Jeunesse, Sports et Loisirs), Francine Kayumba (Présidente de l’Union Panafricaine de la Jeunesse), Théodore Mugalu (Directeur de la Maison civile du chef de l’Etat). La liste n’est pas exhaustive. L’Etat congolais m’a abandonné à mon triste sort. C’est écœurant ! J’ai commencé à travailler à la RTNC (Radio Télévision Nationale Congolaise, NDLR) comme simple collaborateur avant d’être embauché en 1983.

J’ai travaillé dans une télévision nationale, s’il vous plaît ! J’ai travaillé pour mon pays et j’estime être traité dignement ! Quand je suis tombé malade, je suis resté une année à la maison avant d’être hospitalisé faute de moyens suffisants. Est-ce normal ? Je rêve !

 

Le ministère de la Culture n’a pas non plus réagi à vos sollicitations ?

A part Baudouin Banza Mukalay, paix à son âme, qui m’a donné 100$ à l’époque, aucun autre ministre ne l’a fait. Pourtant, je suis allé les voir tous. Rien n’a été fait sous prétexte qu’ils n’ont pas les moyens nécessaires pour me venir en aide. Ils ne me feront pas croire qu’ils ne soutiennent pas certains artistes malades qui vont se faire soigner à l’étranger ! Je ne suis pas dupe, et bon nombre de Congolais ne sont pas dupes non plus.

 

Que voulez-vous dire par là ?

J’espère que vous avez compris. Je n’en dirai pas plus.

 

Et comment réagit l’ADG par intérim de la RTNC, Nicole Dibambu-Kitoko, face à votre situation ?

Elle m’aide beaucoup. C’est une femme extraordinaire avec un grand cœur rempli d’amour que je tiens, ici, à remercier sincèrement.

 

L’association des anciens élèves de Mbanza-Mboma (Assacom), dont vous faites partie, vous soutient beaucoup dans cette épreuve…

Effectivement, Les « Ba mbuta » (Les aînés, NDLR) me soutiennent beaucoup dans cette épreuve. Cette marque de sympathie me va droit au cœur. D’ailleurs, nous sommes souvent ensemble.

 

Quel regard portez-vous sur le théâtre congolais d’aujourd’hui ?

Je déplore la façon de travailler de nos jeunes artistes comédiens. Les scenarii sont mal écrits et les thèmes mal exploités. Tout le monde fait ce qu’il veut. C’est un peu du n’importe quoi ! Le ministère de la Culture ne contrôle même pas ce qui se passe à la télévision. C’est vraiment dommage qu’on ait perdu de vue que le théâtre est intégré comme valeur culturelle en RDC.

 

Y’a-t-il un espoir pour le théâtre congolais ?

Nous devons garder espoir, car nous avons dans ce pays des jeunes artistes comédiens extrêmement énergiques et pleins de talents. Ils doivent néanmoins beaucoup travailler pour exprimer leur savoir-faire. Être artiste comédien est un métier. Comme tout autre métier, il faut l’aimer passionnément pour le faire. Sinon, on perd inutilement son temps.

 

 

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France.
Photo:droits réservés Robert Kongo

Copyright Le Potentiel
Publié aussi dans le blog Kongo Espoir 21

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